top of page
Inversion de Impacto : promouvoir l'impact investing au Chili

Gonzalo San Martins nous a donné rendez-vous dans le Starbucks du quartier d’affaires de Santiago. C’est un win-win : nous avons pu avoir un riche échange avec lui sur le secteur de l’impact investing au Chili, mais aussi déguster de délicieux cookies.

 

Gonzalo travaille depuis une quinzaine d’années dans le secteur en Amérique Latine et prend aujourd’hui part au projet d’Inversion de Impacto Chile. Cette entité développe les réseaux dans le secteur de l'investissement à impact, soutien des initiatives et organise des événements avec les principaux acteurs. L’idée est de formuler de nouveaux objectifs et définir des stratégies communes face à certains défis auxquels est confronté le Chili.  

 

Quels sont les obstacles et opportunités de l’impact investing au Chili ? L’économie chilienne est-elle prête à accueillir ces nouveaux investisseurs à impact ? Comment s’organise le secteur ? Gonzalo a pris le temps de nous éclairer et répondre à toutes nos questions !

55635111_324947451540386_184778858250108

Tout d’abord, d’où vient le projet Inversion Impacto de Chile ?

 

Le groupe a été formé en 2012 à l’initiative de FIS Ameris (Fondo de Inversion Social), du Centro de Inversión Social de la Universidad Adolfo Ibáñez, d’AGORA Parnerships (incubateur d’entreprises sociales), et de Deloitte.

 

Il s’agit d’une communauté de personnes et d’organisations qui souhaitent promouvoir l’investissement à impact social. Nous organisons des événements et cherchons à créer une communauté solide d’investisseurs à impact au Chili. Nous souhaitons nous adresser aux individus qui possèdent des ressources et de les inviter à se tourner vers l’impact social.

Quelle est votre analyse du secteur de l’impact investing au Chili ?

 

Le secteur n’est pas très grand mais il croit ! Le marché compte de plus en plus d’acteurs. Si on regarde les grands acteurs locaux : il y a d’abord eu en 2000 la création de NESsT (lien site), puis FIS Ameris qui a levé en 2010 le premier fonds à impact au Chili (lien site), ensuite Doble Impacto en 2016 avec son projet de banque éthique (lien vers notre article).
 

Aussi, il n’y a pas beaucoup de fonds levés dans le pays, il s’agit principalement de family offices qui effectuent des investissements à impact de manière indépendante (ex : Walton Family Foundation – lien site).

 

Capture.JPG

Quels sont les défis auxquels doit faire face le pays pour développer le secteur ?

 

Dans un premier temps, nous devons répondre à des défis propres à l’impact investing d’aujourd’hui :

  • Manque de transparence dans le secteur : il s’agit d’un marché jeune et encore assez opaque. Le manque d’informations n’incite pas à investir. Cependant, des success stories émergent et commencent sérieusement à éveiller la curiosité des fonds. Nous devons continuer à communiquer là-dessus !

  • Manque de soutien des forces publiques : les gouvernements doivent lancer des politiques de soutien à l’impact investing. Il faudrait par exemple qu’ils flexibilisent les critères d’investissement et qu’ils lancent des programmes d’aide aux entreprises sociales pour les préparer à recevoir des investissements.

  • Le secteur n’est pas assez structuré : il semble important d’organiser des réseaux d’influence dans le secteur avec des stratégies claires. En effet, nous sommes aujourd’hui incapables de réglementer le secteur : comment définir plus précisément un investisseur à impact ? Quel ratio de « social » doit-il avoir dans son investissement ? Et quels critères prendre pour le mesurer ? Aujourd’hui, tout le monde peut lever la main et dire « je suis un investisseur à impact », or ce problème de définition pèse sur la crédibilité du secteur.

 

Ensuite, le Chili doit trouver des moyens pour se distinguer de ses voisins sur le marché de l’impact investing. Aujourd’hui le secteur est beaucoup plus développé en Colombie, au Mexique et au Brésil, qui sont perçus comme les véritables terres d’opportunités de la région, où tout reste à faire. Les acteurs se tournent moins pour le moment vers le Chili qui souffre un peu de la « malédiction de la classe moyenne ».

 

Soyons plus optimistes : quelles sont les forces du Chili pour développer ce secteur ?

 

Les ressources sont globalement présentes (donation, investissement, …), mais les investisseurs doivent souvent faire face à un marché de la demande qui n’est pas assez mature. Ils peinent à trouver à court terme des bons projets à impact. On parle d’un pipeline d’opportunités à développer.

 

Mais, à moyen terme, le Chili tient peut-être là son axe de différenciation par rapport à ses voisins. Le secteur entrepreneurial social y est en effet très dynamique. Le Chili est le pays de la région qui compte le plus d’entreprises sociales par habitant. Les principales universités nationales ont développé des incubateurs sociaux pour accompagner les initiatives de leurs élèves. Ce dynamisme devrait donc, d'ici quelques années, pouvoir répondre à l’offre des investisseurs à impact.

 

Aussi, le gouvernement chilien a pris conscience de l’importance de ce mouvement économique. Il devrait prochainement reconnaître légalement les entreprises sociales (ce qui n'est pas le cas à ce jour) et ainsi faciliter les financements à leur égard. De même, il met en place des programmes pour développer des incubateurs à impact social.

 

Enfin, le Chili accueille cette année le sommet du Global Steering Group, qui est le plus grand rassemblement d’impact social du monde. Cet événement devrait également dynamiser le secteur dans le pays.

 

Justement, lors de ces grandes rencontres, quel est souvent le message porté par les principaux acteurs ?

 

Tout d’abord, tout le monde s’accorde à dire qu’il faut augmenter le niveau de connaissance sur l’impact investing auprès de la communauté d’investisseurs. C’est pour cela que les événements et discussions se multiplient dans différents régions.

 

Ensuite, pour que l’investissement à impact soit attractif auprès de cette communauté, il doit être rentable, économiquement viable. Nous cherchons donc à nous distinguer de la philanthropie.

 

Enfin, les acteurs insistent sur l’importance de régulariser le secteur et développer des outils capables de mesurer l’impact social et environnemental d’un projet. À partir de quel ratio d’impact social nous pouvons considérer qu’il s’agisse véritablement d’impact investing ? Nous avons besoin de mieux définir ce que nous sommes pour gagner en crédibilité.

 
Est-ce qu’il y a une prise de conscience des investisseurs ? Peut-on parle d’un nouveau capitalisme qui émerge ?


Tout à fait ! Par exemple, les fonds de pension ont des ressources gigantesques et comprennent que les citoyens souhaitent placer intelligemment leur argent. Justement, le placement intelligent est de plus en plus un placement à retour économique et social !

Vous souhaitez en savoir plus sur Inversion de Impacto Chile ? Voici leur page : 

http://www.inversiondeimpacto.cl/

bottom of page