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Mix Market : la base de données pour plus de transparence dans le secteur de la microfinance

Nous avons rencontré à Lima l’équipe du bureau latino-américain de Mix Market. Il s’agit d’un organisme à but non lucratif qui agit comme un fournisseur d'information d'entreprises du secteur de l’inclusion financière. Fondée par le groupe consultatif d’assistance au pauvres (CGAP), cette plateforme aide les financiers à juger de la pertinence des institutions de microcrédit que chacun peut contribuer à déterminer.

En fournissant des données objectives et des analyses sur les prestataires de microfinance, le MIX espère promouvoir la transparence financière dans le secteur, construire l'infrastructure des systèmes d'information dans les pays en développement et offrir à ceux impliqués dans la microfinance (praticiens, bailleurs de fonds, décideurs politiques, universitaires) un moyen d'acquérir une meilleure compréhension des opérations des IMF, les défis et les tendances de performance.

Nous avons eu un riche échange avec cet acteur clé du secteur, sur leur travail mais également sur les dynamiques identifiables dans le secteur aujourd’hui ! Allez, on ne vous en dit pas plus et on vous laisse lire !

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Pouvez-vous nous expliquer quand et pourquoi Mix Market a été créée ?

Il s’agit initialement d’un projet de 2002 porté par CGAP (groupe consultatif d’assistance aux pauvres). L’idée était de créer une base de données conséquente sur les institutions de microfinance dans le monde afin développer la transparence des informations dans le secteur. Notre plateforme aide en effet les financiers à juger de la pertinence des institutions de finance solidaire grâce à de très nombreux critères que chacun peut contribuer à déterminer.

Le bureau de Lima dans lequel nous nous trouvons est le premier bureau régional, pourquoi ?

En 2004-2005, quand Mix s’est installé en Amérique latine, il y avait déjà de nombreuses institutions et donc beaucoup d’information à disposition. Le projet était déjà quelque peu engagé, et Mix a donc pu facilement s’implanter. Deux leviers principaux nous ont facilité la collecte d'information au début : les réseaux locaux sur lesquels nous nous sommes appuyés et la régulation de la plupart des pays latino-américains qui force toute entité financière à publier leurs données.

Comment fonctionne votre plateforme ?

C’est un peu le Wikipedia de l’information financière solidaire ! MIX recueille et valide l'information financière et la performance sociale des données à partir des institutions de microfinance (IMF), auquel s'ajoute des informations provenant des réseaux, de fournisseurs de services, et les bailleurs de fonds et d'investisseurs.

Ces données sont ensuite normalisées et fournies au public par le MIX Market. Nous publions également une variété de dossiers comme le Bulletin MicroBanking, et des rapports et des analyses régionales et nationales.

Comment l’information est-elle vérifiée ?

 

Chaque bureau régional est en charge de compiler et vérifier toutes les informations rentrées sur la plateforme, avant que celles-ci ne soient publiées. MixMarket utilise l’information publique disponible et la compare avec l’information reçue en privé pour relever les potentielles anomalies. 

Quels types d’acteurs sont listés dans MixMarket ?

 

Le secteur de l’inclusion financière évolue très rapidement, notre plateforme doit donc évoluer avec lui afin de rester la référence. 

 

En premier lieu, vous trouverez sur notre plateforme des institutions de microfinance. Certaines sont normalisées c’est-à-dire qu'elles ont de profils à jour et avec de l’informations vérifiées. D’autres ne peuvent pas l’être par manque de moyens. Par exemple en Afrique, les institutions financières n’ont pas la culture du partage de leurs données, il est donc presque impossible pour notre équipe là-bas de rassembler des informations normalisées.

 

Ensuite, en plus petite quantité, le visiteur pourra trouver des informations sur des coopératives et des ONG.

Mais aujourd’hui, les entreprises de fintechs et de finance digitale prennent de plus en plus d’importance. Nous avons donc lancé un programme pour les incorporer à notre base de données. Mais pour ce projet colossal nous avons besoin d’aide. Nous travaillons par exemple avec l’IFC (Société Financière Internationale) pour que l’organisation nous partage les données qu’elle possède déjà. Mix Market fait appel à d’autres partenaires similaires afin de construire de manière fiable et efficace cette base de données de nouvelles technologies financières.

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Quel est votre plus grand défi au quotidien ?

Enregistrer plus d’institutions sur notre plateforme et que celles-ci soient normalisées, c’est à dire qu’elles continuent à nous partager leurs informations régulièrement, au moins trimestriellement ou semestriellement. Les profils doivent être à jour pour que Mix Market soit une source fiable d'informations. Le reporting est donc la partie la plus chronophage de notre travail, nous devons souvent recontacter les institutions pour qu’elles nous partagent leurs informations.

 

Aussi, en voulant diversifier les types d’acteurs que la plateforme recense, les équipes doivent à présent s’adapter à d’autres types d’informations, d’outils et d’interlocuteurs. Elles doivent alors établir des partenariats avec des spécialistes afin de s’assurer de la fiabilité des informations répertoriées.

Quelles sont les grandes tendances que vous identifiez dans le secteur en Amérique Latine et plus particulièrement au Pérou ?

 

Les mesures prises par la SBS (Institut national de régularisation et supervision du système financier au Pérou) et les facteurs macroéconomiques ont un véritable impact sur l’économie péruvienne et font fluctuer le crédit et l’épargne dans le pays. Mais à présent ces facteurs jouent sur le dynamisme des institutions alors que 10 ans auparavant, pendant la crise financière de 2008, les IMF semblaient épargnées et elles continuaient de soutenir une croissance assez importante. En se formalisant les IMF sont devenues plus sensibles aux évolutions du marché national.

 

Aussi, les IMF génèrent de plus en plus d’épargne (croissance de 5%) que de crédit (croissance de 2-3%). C’est particulièrement le cas avec l’Equateur et le Pérou. C'est un signe de maturité ! 

 

Enfin, le dernier phénomène que nous pouvons relever est l’augmentation du nombre de fusions & d’acquisitions d’IMF de taille moyenne à grande. En Bolivie par exemple la banque Mercantil Santa Cruz a fusionné avec Los Andes. Ainsi, ces IMF peuvent s' « upgrader » et proposer des produits et services auprès des classes moyennes et supérieures, elles rentrent en compétition avec des banques traditionnelles.

 

Qu’est-ce qui différencie l’Amérique Latine dans le secteur ?

 

En Amérique Latine nous avons souvent les IMF les plus matures, cela fait des années qu’elles ont développé leurs produits (15-20 ans), elles se sont régularisées. 

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