Rwanda, le pays aux milles collines
Nous voici au Rwanda, un gros changement après l’Afrique du Sud. Ce pays nous intéressait énormément avant de partir, il était impossible pour nous de ne pas s’y arrêter ! Et on a bien fait, c’est un pays aussi surprenant qu’intéressant.
Durant tout notre séjour à Kigali, on est hébergée par Lilia, une rwandaise de 26 ans qui nous accueille dans ses 12m2. Retour au voyage moins confortable, pas d’eau courante chez elle, ici c’est douche avec un bidon d’eau et un tupperware pour verser l’eau ! Lilia est adorable, elle travaille dans un hôtel en parallèle de ses études. Toute la famille du côté de sa mère, ainsi que cette dernière, a péri lors du génocide en 1994.
Dès notre arrivée à Kigali, nous sommes surprises par la propreté de la ville : tout est très organisé, très propre, et super safe ! Nous avons eu un rendez-vous passionnant avec Mobicash, une entreprise de mobile money : nous sommes restées près de cinq heures à discuter avec eux de la situation du Rwanda, son évolution, ses projets, PASSIONNANT !


En effet, depuis la fin du génocide, le gouvernement a mis en place des politiques pour désenclaver le pays, et le remettre dans une dynamique économique et sociale positive. Pour retrouver sa dignité après ce terrible évènement, le pays a décidé de se relever, et rapidement. Entre 1998 et 2010, suite à une grande réflexion, à laquelle toute la population a pris part, sur la trajectoire que devait prendre le Rwanda, 3 axes majeurs ont été définis :
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Accepter de vivre ensemble
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Avoir un projet commun
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Se définir en tant que Rwandais
Le plan vision 2020 a été mis en place, très ambitieux, mais tout le monde travail pour l’atteindre, toute la population est sollicitée. Le pays étant très enclavé et disposant de très peu de ressources naturelles, il a fait le choix d’une société tournée vers l’avenir, axée sur les ressources humaines afin de développer une économie de services à haute valeur ajoutée.
Les lois appliquées sont très strictes, et sévèrement punies, mais cette discipline est, selon beaucoup de Rwandais, nécessaire. Il faut donner une structure à la population pour aller plus vite. Les crimes, de quelque nature qu’ils soient, sont fortement réprimés.
Le gouvernement appuie le développement des entreprises, a rendu l’accès à l’éducation, la santé, possible pour tous. Le pays connaît une forte croissance économique (7,5%), soutenue par la stabilité de sa monnaie, le faible taux de criminalité et une tolérance zéro face à la corruption. Le gouvernement rwandais soutient également une fort dynamisme entrepreneurial dans le pays via la création d’un guichet unique pour le lancement d’une société. Le délai d’enregistrement est entièrement informatisé et a été ramené de 24 à 6 heures. Les principaux secteurs d’activité du pays sont l’énergie, l’industrie agroalimentaire, l’élevage, l’industrie pharmaceutique, le tourisme, les télécommunications et le textile. Ces secteurs viennent contrebalancer le manque de ressources naturelles du pays.
Le Rwanda est en outre en avance sur beaucoup de points ! Par exemple, les sacs plastiques sont interdits depuis plusieurs années dans le pays. En termes de parité homme/femme, des mesures ont été prises et le résultat se fait déjà sentir : les femmes sont beaucoup plus présentes dans les décisions politiques et économiques. Ainsi, 65% des membres du parlement du Rwanda sont aujourd’hui des femmes !
Au Rwanda, 75% de la population a moins de 25 ans. Cela créé une dynamique forte dans tous les domaines ; n’ayant pas connu le génocide de 1994, ils regardent uniquement vers l’avenir. Cependant, cela engendre également un taux de chômage très élevé dans le pays, mais c’est tabou, personne n’a pu nous communiquer ne serait-ce qu’un ordre de grandeur.
Nous avons également visité le fameux mémorial du génocide, un moment poignant. Ce qui nous a particulièrement marqué c’est l’ampleur, la rapidité et la violence du massacre. En l’espace de 100 jours, c’est 1 million de personnes qui ont été assassinées. Armés de machettes et de fusils, les Hutus ont voulu tuer l’ensemble de la minorité Tutsis, et si un Hutu ne prenait pas part au massacre il était également visé pour trahison. C’est ainsi que les voisins, les amis et même les familles se sont retournés les uns contre les autres.
Nous avons vraiment l’impression que cette période reste dans les têtes de tous les Rwandais. Et comment faire autrement alors qu’ils se recueillent pour les 25 ans du génocide ? Nous pensons à deux chiffres qui nous ont particulièrement marquées pendant notre visite du mémorial : 80% de la population a perdu au moins un membre de sa famille et 70% a vu une connaissance se faire assassiner. Pour autant, ils ont organisé un grand mouvement de pardon pour pouvoir aller de l’avant et retrouver leur dignité. Ils ont ainsi mis en place des tribunaux informels dans les communautés, les gacacas, où les génocidaires viennent demander pardon à leurs victimes. En effet, le gouvernement avait compté que si tous les génocidaires devaient passer devant la justice officielle, cela prendrait plus de 100 ans pour tous les juger !




En tout cas, ils peuvent être fiers de leur pays. Après avoir passé quelques jours touchées par le dynamisme de la ville de Kigali, nous avons pris un bus pour Gisenyi, au bord du lac Kivu et à la frontière avec le Congo. Nous avons sillonné pendant les 4h de trajet ce pays aux milles collines et d’un vert flamboyant, et ce n’est pas une exagération. Le paysage est magnifique !
Arrivées à Gisenyi, nous prenons un logement au bord du lac et nous rendons à la plage la plus proche pour nous baigner et profiter du soleil ! Nous irons le lendemain faire un petit tour du bateau sur le lac qui est bordé, là encore, de collines très vertes !
Ensuite, nous partons pour la région des volcans à Musanze. Solène en profite pour faire l’ascension du volcan Bisoke (où elle a l’incroyable chance de croiser un gorille à quelques mètres d’elle), tandis que Claire repose son pied qui lui fait mal depuis la Patagonie.
Maintenant, direction l’Ouganda !







