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Mobicash, le paiement dématéralisé pour tous

A notre arrivée au Rwanda, nous avons eu la chance de rencontrer plusieurs leaders de Mobicash. Patrick NGABONZIZA, CTO de Mobicash, a commencé par une brève histoire du Rwanda, et nous a ensuite raconté l’histoire de Mobicash.

 

Nous avons échangé avec eux pendant plusieurs heures sur la situation politique, économique et sociale du Rwanda, et comment ce pays a décidé de se relever après le génocide. Un échange absolument passionnant ! Si vous voulez en savoir plus sur ce qu’on a découvert au Rwanda par la suite, lisez notre article dédié au pays aux Mille Collines !

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Petite histoire du Rwanda

Le Rwanda sort actuellement de la période de commémoration du génocide : cela fait 25 ans que cet évènement qui a bouleversé le pays entier, a eu lieu. Déjà, la période pré-génocide avait été marquée par beaucoup de division politiques. En 1994, le terrible génocide a frappé : les Tutsi, population minoritaire, ainsi que les Hutu modérés, ont été exterminés dans des conditions atroces. Durant 100 jours, plus d’un million de personnes ont été abattues.

Malgré tout, le pays a décidé de se relever. Pour y arriver, trois éléments ont été indispensables :

  • Accepter de vivre ensemble

  • Avoir un projet commun

  • Se définir en tant que Rwandais

Entre 1998 et 2010, une grande réflexion de l’Etat sur la trajectoire que devrait prendre le Rwanda a eu lieu. Tout le monde (toutes classes sociales confondues) a pris part à la feuille de route : Plan vision 2020.

Toutes les sphères de la société sont affectées. Les Rwandais ont alors fait le choix d’une société tournée vers l’avenir, axée sur les ressources humaines pour offrir des services à haute valeur ajoutée. En effet, le pays est très enclavé et fait donc face à de gros défis. Ainsi, en montant en gamme et en préférant le secteur tertiaire, ils relativisent les coûts de transports qui sont très élevés.

Origine de la création de Mobicash

Au Rwanda, le domaine de la finance et de l’industrie des paiements est essentiellement dominé par les acteurs habituels (Visa, Mastercard…). Cependant, ces outils ne savent pas s’adapter à la réalité du marché, à des personnes qui ne sont pas bancarisées.

Au contraire l’Afrique de l’Est a depuis 2007 énormément développé le mobile money, qui a créé son propre écosystème. La moitié des paiements se fait sur ce genre de plateforme ; au Rwanda, c’est avec l’opérateur MTN qui lead ce secteur, nous ne pouvons pas faire 20 mètres dans la rue sans croiser un kiosque MTN. Mais les acteurs de mobile money, se limitent essentiellement au paiement peer to peer, c’est-à-dire l’envoie d’argent entre particuliers.

Mobicash a décidé de rentrer sur ce marché mais en s’adressant à tous les types de paiement et fin 2015 ils ont mis en place une réseau d’agents dans le pays. Depuis, cette entreprise de mobile money a connu une croissance exponentielle, surtout ces deux dernières années, où le chiffre d’affaires a été multiplié par 7 ! Initialement, l’entreprise trouvait ses fonds en organisant des levées auprès de ses actionnaires. Désormais, l’objectif est de réaliser une OPA à la fin de l’année sur le marché rwandais.

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Où est-ce que Mobicash agit ?

La start-up est présente au Rwanda, Burundi et en Afrique du sud. Elle a également mis en place des partenariats dans de nombreuses autres régions d’Afrique.

Intégrer un nouveau marché dans un nouveau pays reste un gros défi : tout dépend de la législation, des habitudes de marchés, de l’Etat, etc. C’est pour cela que Mobicash a un mode de fonctionnement très différent dans chaque pays. Par exemple, au Rwanda, Mobicash est une entreprise standalone, c’est-à-dire sans lien particulier avec des banques. Au Burundi, Mobicash a mis en place un partenariat avec la plus grosse banque du Burundi pour offrir des services d’agency banking. L’objectif est d’être autonome dans tous les pays à terme. Mobicash a pour ambition de devenir le PayPal africain.

Les acteurs de « mobile money » se multiplient en Afrique du l’Est, comment se différencier ?

Tout d’abord, nous proposons des services supplémentaires par rapport aux opérateurs de mobile money traditionnels. Alors que leur outil se résume souvent à du transfert d’argent entre particulier, nous proposons véritablement un wallet à interfaces multiples : paiement, épargne, crédit, bientôt assurance, etc. Ainsi, nous entraînons nos utilisateurs vers un processus d’éducation traditionnel complet. Nous offrons par exemple à nos clients de la monnaie numérique avec laquelle ils vont pouvoir payer de nombreux services sur une plateforme centralisée (paiement des impôts, visa, eau, électricité…).

Ensuite, nous sommes un opérateur multi-canal. En effet, les opérateurs de mobile money demandent à leur utilisateur d’avoir au moins une carte SIM et un téléphone pour pouvoir accéder à leur service. Nous ne leur demandons que d’avoir au moins un doigt ! Il est important pour nous de nous adresser à tout le monde. Une personne qui n’a pas de téléphone portable peut tout de même créer son compte Mobicash et payer avec en utilisant notre système de QR Code ou notre système de fingerprint.

 

Pour la petite histoire, nous avons créé ces deux outils parce que nous avons également dû nous adapter à une partie de la population rurale qui, influencée par certaines croyances, refusait de nous donner leur empreinte digitale.

Nous avons également mis en point un petit boitier qui permet transformer n’importe quel téléphone Android en terminal de paiement. Ainsi, la grande majorité des commerçants peuvent accéder au paiement via Mobicash.

Building the nation into a cashless economy” est notre leitmotiv (= faire du pays une économie sans cash). En effet, cela possède de nombreux avantages, en termes de sécurité, cela facilite la réconciliation des transactions entre les institutions, cela diminue les coûts liés à la production de monnaie…

Contrairement à beaucoup de pays où les coûts d’utilisation de VISA, Mastercard sont considérés comme des coûts d’acquisition de la clientèle, ici les commerçants et clients refusent et veulent une autre solution. C’est donc là que Mobicash intervient.

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Comment est-ce que vous vous adaptez au différents marchés ?

Il est important pour nous d’être une structure très innovante de paiement. Nous avons de nombreux partenaires qui viennent nous voir avec un problème de paiement et nous voulons leur offrir une solution adaptée à la situation du pays ou du projet.

Par exemple, en nous implantant au Burundi, le défi majeur était l’absence de carte d’identité fiable (une personne peut avoir 6 cartes d’identité différentes, faites sur le marché noir !). Pour identifier une personne, nous avons ainsi développer notre outil avec empreinte biométrique.

Aussi, plusieurs ONG nous ont contacté pour lancer en programme d’aide dans les camps de réfugiés sous le modèle « half food, half money » et ainsi pousser les réfugiés à utiliser leur argent pour faire vivre le commerce local. Cependant, il était important pour eux de vérifier que l’argent donné n’aille pas dans la bière ou dans le jeu, mais bien pour nourrir la famille. Nous avons donc créé des comptes dédiés : si Monsieur X avait 4 dollars sur son compte Mobicash, il ne pouvait l’utiliser que dans des épiceries certifiées.

Sur d’autres marchés, nous pouvons aussi vendre notre technologie sous un label blanc. Nous pouvons ainsi avoir accès à certaines données, étudier le marché et décider de l’intégrer plus tard ou non.

Est-ce un défi de convertir de nouveaux clients ?

Il peut être parfois dur de convaincre des commerçants d’utiliser notre outil parce que cela implique un plus grand degré de transparence, ils ne peuvent plus faire du black parce que nous avons une trace du paiement effectué.

Mais le plus grand défi pour nous est de faire face à un marché où le manque d’éducation financière de la population est évident. Ils ne font pas confiance à « Mobicash » pour garder leur argent mais ils peuvent faire confiance à un agent Mobicash dans leur village. Mais malgré tous les avantages que cela représente cela prend du temps pour qu’un client se décide à retirer l’argent qu’il a sous son matelas pour le confier à un agent.

Je vais vous raconter une histoire, pour que vous puissiez mieux vous rendre compte. J’étais en mission terrain d’une semaine sur un village au bord d’un lac. Je commence à expliquer le produit Mobicash à un pêcheur. Il se crée un compte et y dépose 1 200 francs. Le soir même, il revient pour les récupérer et repart content parce qu’il se rend compte qu’il a pu le faire sans problème. Le lendemain il revient et dépose 10 000 francs, mais le surlendemain il souhaite les récupérer. C’était un nouveau test pour voir si nous ne l’avions pas volé. Il continue comme cela toute la semaine. Jusqu’à finalement déposer 100 000 francs et les garder sur son compte Mobicash. Vous voyez à quel point c’est compliqué d’obtenir la confiance de la population pour un outil financier comme le nôtre !

Pour faire face à cette difficulté et ce déficit de confiance nous avons imaginé une approche tout à fait particulière mais efficace au Burundi. Nous avons identifié deux figures dans les villages qui inspirent la confiance : le chef coutumier et le curé ou pasteur. Nous avons lancé des partenariats avec des églises et avec l’organisation Caritas qui monte des projets dans les communautés. Le pasteur de l’église devient alors un agent Mobicash informel, les fidèles chantent « Alléluia Mobicash » parce qu’ils ont confiance en leur pasteur et savent qu’ils peuvent faire confiance en l’outil financier qu’il leur propose.

 

Vous avez développé un partenariat fort également avec le gouvernement rwandais pour développer votre activité. Comment est-ce que cela se passe ?

C’est vrai ! Nous les avons rencontrés, ils voulaient dématérialiser également le paiement d’un certains nombre de taxes pour que cela soit plus facile et rapide pour la population. Aujourd’hui, sur Mobicash, un rwandais peut ainsi payer :

  • Ses impôts

  • Sa sécurité sociale : 85% des Rwandais ont accès au système d’assurance sociale (Rwanda social security board)

  • Son régime épargne retraite (long term saving skills)

Pour nous financer, nous prenons des commissions sur ces paiements à la charge de l’Etat.

Quels sont vos prochains projets ?

Dans notre wallet Mobicash, nous voulons développer notre produit de crédit et d’assurance pour les utilisateurs.

Nous créons en parallèle d’autres outils complémentaires :

  • MOBISQUID : application pour accéder très rapidement à des services (cours de sport, massage, coiffeur, etc.) et utiliser leur compte Mobicash pour payer

  • MOBIVAT : outil de collecte de la TVA en direct pour faciliter le processus.

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Outils développés par Mobicash

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Rendez-vous avec Mobicash

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